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  • Vous le savez je vous l'ai dit : ma femme a attrapé la grossesse.

    Et hier: visite chez le docteur pour écouter le coeur du bébé. Enfin du foetus.
    Ca bat vite...
    C'est un son irréel...

    En sortant de la clinique, j'avais l'impression de m'être penché sur le rebord de l'univers et d'avoir pu embrasser d'un seul regard son immensité.
    Cette sale impression de vertige ne m'a quittée que tard dans la soirée.
    J'étais épuisé. J'aurais voulu boire pour justifier cette marée. J'aurais voulu m'abrutir avec de la musique, des loops, des sons, de bruit, de violence.
    Au lieu de ça, effondré sur un fauteuil à la bibliothèque, j'ai lu deux BD de Soda, ce flic New-Yorkais qui fait croire à sa mère qu'il est pasteur. C'est l'inspecteur Harry en BD. Ca tire, ça tue. Et c'est sans espoir. Profondemment sans espoir.

    Curieux que devant cette vie qui grandit déja dans la mienne un tel désespoir m'inonde.
    I'm Swallowed In Black.

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  • Histoire de siffloter un air joyeux en cette après-midi pourrite et grise et pluvieuse.

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  • Le long fleuve mort est assoupi dans la ville. ses maigres doigts glacés ont fouillé la moindre ruelle. les racines de ses jambes boivent l'une le fleuve St-Laurent, l'autre la rivière des Prairies, tandis que ses cheveux hideux poissent le haut des maisons. Et ses vomissures ont macule les parcs et les places.
    Dans cet univers étrange, les arbres ne sont plus que des fantômes d'eux-mêmes, leurs pâles silhouettes immobiles comme des noyés. Les édifices, eux, n'ont pas de fin. Les murs disparaissent, dilués, dans un horizon trop proche. Le monde nous apparaît d'un coup visiblement borné, comme un mauvais trucage au cinéma et infini tout à la fois, si on redevient petit enfant et que l'on joue à "et si...".

    Lorsque nous redevenons petit enfant... le monde du brouillard devient merveilleux. Les feux de circulation sont des balises de navigation. Les phares des automobiles les yeux phosphorescents de monstres à demi aveugles, comme ceux qui vivent dans les profondeurs des océans. Les maisons sont d'immenses vaisseaux spatiaux posés là, couvrant la Terre, en faisant presque le tour. Ce sont des hangars à provisions, à avions, à sous-marins, à machines fantastiques. Quant aux immeubles, s'élevant plus légèrement semble t-il dans la brume que des ballons, ce sont des tours à fusées ou à trains de l'espace. ce sont des immeubles qui font des kilomètres de haut, touchant presque la Lune.
    Lorsque nous redevenons enfant nous sommes tout petit à comparer de ces nouvelles règles du jeu. Et nous aimons ça.

    Lorsque nous redevenons adultes nous savons avec un frisson que dans un détour de brume, sans un bruit, une lame peut nous trancher el cou, crever le vaisseau liquide que nous sommes, et noircir de notre sang humide de vapeur d'eau cet univers bo-chromatique.
    Lorsque nous redevenons adultes nous savons que cette masse cotoneuse est viciée, empoisonnée.

    SI nous sommes amoureux, nous devinerons dans chaque silhouette celle de l'être que l'on cherche, que l'on a trouvé. Chaque forme anonyme passe en un instant d'espoir à déception, mais l'espoir gagnera ici tout le temps : il y a tellement de silhouettes !

    Et si nous sommes poètes, nous savons que les dieux jouent au hasard le destin de ce monde et que le brouillard qu'ils distillent n'est là - sublime cruauté - que pour nous empêcher de voir la face des dés.


    Qui êtes-vous dans le brouillard ?

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