• "We've created it... Let's take it over !"



    Ce qui était prévu arrive enfin. Les 26 textes de "La Chevelure de Bérénice" sont bouclés.
    Ce blogg ne sera donc plus mis à jour.
    ReveK est partit sans un bruit il y a presqu'un mois maintenant. Je fais de même.

    Bises à tous ceux et celles qui sont passés ici et nous ont lu, et un merci particulier à ceux qui ont laissé des commentaires.


    Fermez les yeux maintenant, et laissez-vous emporter...


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  • z-

    z- comme ...

    There was a war.
    Je dis ça parce que ça roule bien sur la langue, ces mots. Et puis c'est intemporel.

    There was a war.
    Cette chevelure que j'ai voulu tressée d'étoiles et d'images c'est retrouvée un peu sanglante malgré tout.
    Ecrire c'est extraire une tumeur. Et lire, c'est regarder le paquet vide et froid gisant dans un bol de métal.

    There was a war.
    Les vainqueurs ne sont pas ces survivants décérébrés, errant sans but, les yeux brûlés, marchant les mains tendus en avant, ces emmurés de la vie, couleur poussière, buvant la lumière comme un noyé avale l'eau.
    Les vainqueurs ne sont pas les morts pourrissants comme des feuilles en automne.
    Les vainqueurs sont ceux qui cherchent désespérement dans la vie des images qui transcendent le noir, la peur et leur douleur.
    Et les vainqueurs sont seuls.

     

    La Chevelure de Bérénice est l'histoire d'une solitude.
    a- " A begining... is a very delicate time. Know then that it is the year nineteen eighty three. This is the year of his death. I was born in June. The first day of summer..."


    Bérénice


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  • y-

    y- comme YTY


    Le petit garçon, vous l'aurez devinez, est mort depuis longtemps maintenant. Et je n'ai pas oublié. Je ne l'ai pas oublié.

    Certaines personnes ne semblent pas faites pour vivre à notre contact. Notre insensibilité les brûle. Notre insouciance les déchire.
    Ce petit garçon en faisait partie. C'était un écorché, un grand blessé.
    Il rêvait d'être capable de s'ouvrir les veines, mais se contentait de coupures sur les doigts ou le visage, comme pour apprivoiser la douleur qui lui brûlait la chair dès que la lame était posée sur la peau et s'enfonçait doucement. Pour être un jour prêt au grand saut.
    En attendant, il avait décidé de rester en vie, planté dans la vie des autres comme le souvenir d'un mort.
    Sombre, solitaire, dangereux. Imprévisible. Le garçon qu'on évitait parce qu'il faisait un peu peur. On remarquait d'abord son pas. Grand, toujours tranquillement décidé, semblant glisser.
    Puis son regard ! Celui d'un homme qui avait vécut bien plus longtemps que les 20 ans affichés. Celui d'un homme qui n'avait rien à perdre, le sait et s'en fiche. Celui d'un homme violent... alors que je ne l'ai jamais vu se battre ! Le regard d'un mort, si cette expression peut avoir du sens.
    Il s'est planté dans la vie des autres garçons comme un truc qui dérange. Il faisait taire leurs conversations quand il rentrait dans une pièce, on évitait son regard, et on n'osait même pas rire après son passage. Jamais je n'ai revu ça !
    Il s'est planté dans la vie des filles quand il leur donnait un poème magnifique avec un moue presque haineuse, sans qu'elles comprennent pourquoi il le faisait et se demandant ce qu'il voulait. Il ne voulait rien, justement. Il n'assassinait la beauté que dans son coeur. (mais ça... pour le savoir...)

    Et un jour, après qu'il m'ait parlé, quand j'ai voulu poser ma main sur sa joue puisque je ne pouvais rien dire devant le gouffre qu'il avait ouvert, il a reculé la tête, et son regard a changé. J'ai compris que quelque chose s'était brisé en lui. Quelque chose qui avait été beau, et qui aurait pu rendre heureuse la fille qui aurait partagé son lit.


    Il est partit un jour, laissant un recueil de poème dans ma boîte aux lettres, certaines lettres soulignées de rouge. J'ai recopié patiemment toutes les lettres, et ça a fait un petit poème.
    J'ai souri parce que ça lui ressemblait tellement cette façon de cacher des trucs dans ses textes. Des accrostiches sur la deuxième ou troisième lettre plutôt que la première, des choses comme ça.
    J'ai pleuré parce que son poème parlait d'une fille qui perdait un ami. Un compagnon. Un amant.

    y- comme Mort-Vérité-Mort. Ses runes.
    Je l'imagine quelque fois à traverser un désert, brûlant de souvenirs, glacé de solitude.
    Et dans mes rêves de lui, je le regarde partir inlassablement. Inlassablement.


    Il y a des êtres qu'on ne devrait pas toucher.




    Bérénice


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  • x-

    x- comme Rayée X


    Sous la glace, dans l'eau froide des lacs, les cheveux des noyés font comme des algues qui se balancent doucement dans le courant.

    Je vague un peu, tête en l'air, dans le vent d'hiver.
    J'ai volé cette journée !
    Je croise des spectres humains, sans visage et sans main, le dos courbé par le poids du froid.
    Rue St Denis, une odeur de torréfication me fait entrer dans un café. Je le choisi "à emporter". Les mains nues, je vais
    pouvoir me brûler la paume et l'intérieur des doigts à la chaleur du gobelet, pendant que l'autre côté se fera dévorer par le froid.
    Je prends des notes au hasard des rues : il n'y a pas assez de neige cette année : le Mont Royal est gris d'arbres, les
    rues sont presque propres. Juste un peu de sloche dans le caniveau. Le soleil est comme une boule à facettes projettant sa lumière mais ne donnant rien de plus. Un écureuil fouille une poubelle.
    J'ai volé cette journée !
    Je commence à avoir faim, et les odeurs de restaurants, de pains frais ou de pizza me font à chaque fois comme un
    coup de poing dans l'estomac. Bientôt je céderai, je le sais bien. Mais pour le moment, je fais la fière. Celle qui n'écoute pas...
    J'ai volé cette journée, et je dois en profiter pleinement. A quatre heures, cinq maximum, il fera trop froid pour rester
    dehors. Ca durera jusqu'à sept heures, puis la nuit sera belle.
    J'ai téléphoné ce matin pour dire que j'étais malade. J'ai laissé un message sur le répondeur de mon chef, de très
    bonne heure disant que je partais à l'urgence. En clair : je ne serais pas joignable...
    Pour une fois j'ai prit le bus. En heure de pointe, toute serrée par des inconnus. Et j'ai raté l'arrêt exprès parce que
    c'est quelque chose qu'on ne fait pas d'habitude.

    Ce matin je vis Montréal.

    Si c'était l'été...

    Sous le sable, dans la chaleur des déserts, les mains des morts font comme des racines de plantes décharnées rampant pour chercher l'eau.
    Je vague un peu, tête en l'air, dans les parfums stagnants.
    J'ai volé cette journée !
    Je ne croise que peu de monde, et ceux que je vois semblent devoir aller quelque part absolument. A l'ombre, sans doute.
    Rue St Denis, ça grouille un peu plus. Je regrette un peu d'être si au Sud, sinon j'aurais fait un détour par cette boulangerie pour un sorbet à la mangue du "Bilboquet". Je préfère pour le moment une simple bouteille d'eau glacée qui ne me rafraichira pas. Il fait trop chaud.
    Je note au hasard des rues : le Mont Royal est d'un vert qui fait presque mal aux yeux, et je me demande si je n'ai pas déja hâte qu'il prenne ses couleurs d'automne. Les rues portent encore la marque des déménagements du premier Juillet : vieilleries entassées pèle mêle devant les maisons ou dans les ruelles, piles branlantes de vieux journaux, télés ou imprimantes... Je joue à slalomer entre les tâches de soleil qui éclaboussent le trottoir. Un écureuil fouille une poubelle, comme il fouille à l'année longue, semblant toujours sortir le même trognon de pomme ou morceau de pizza.
    J'ai volé cette journée !
    J'ai faim... J'ai faim et les odeurs de graisse, de pains chauds ou de pizza à 99 cents la pointe me tournent le coeur et me donnent le goût de fuir. Je me demande pourquoi je ne suis pas capable de me nourrir de liquide seulement...
    J'ai volé cette journée, et je veux en profiter pleinement. Il faudra que je passe par la ville souterraine. Au moins pour me rafraichir dans ses longs couloirs noirs presque déserts aux heures de bureaux. Disons entre deux et trois heures cet après-midi je m'offrirais ce luxe...

    J'ai téléphoné ce matin pour dire que je ne rentrerai pas. J'ai laissé un message flou sur le répondeur de mon chef. De toutes façons, c'est très calme en ce moment. Je reste joignable quand même, mais mes batteries sont presqu'à plat. Dommage... Je rappellerais de la gare centrale s'il le faut. La conversation en sera écourtée à cause du bruit.
    Dommage...
    Je me suis payé le luxe d'un taxi, parce que je ne le prends jamais.. Un taxi tout frais, qui se faufilait dans la circulation comme une bulle climatisée. Le trajet était presque trop court, et j'ai même failli demander d'être déposée un peu plus loin, mais avant onze heure du matin, il fait encore bon pour être dehors. Alors...

    Ce matin, Ferré me sussurre que le bonheur, au fond, c'est simple : ce sont les ennuis qui se reposent.




    Bérénice


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  • w-

    w- comme... don't wake me up.

    Je rêve d'un jour fini.
    Sur un lit, sans douleur, avec celui qui, épuisé de veiller, s'est endormi sur une chaise ou un fauteuil, à côté du lit. Un dernier regard, un dernier petit sourire pour cette belle chose de la vie, et puis fermer les yeux.
    Oublier de savoir que le lendemain il se réveillera, heureux de ce repos volé, puis savoir son monde basculer en ne me voyant plus soulever doucement le drap de mon souffle.

    Je rêve de mourir au bout de ma plume, vidée..., essouflée...
    Mais on ne meurt plus de ma maladie depuis bien longtemps maiontenant. Je ne serais jamais cette poupée molle, des pétales de sang au bord des lèvres, que l'on prend doucement dans ses bras une dernière fois.

    Je rêve que dans cet univers stérile... je souris... Mon Dieu regarde ! Je souris comme jamais, heureuse, brillante, si douloureusement en vie que j'irradie de soleil jusque la rue dans laquelle je marche...


    Je rêve d'une fleur de métal, un barbellé rouillé crevant la surface d'un no-man's land, seule forme levée vers le ciel pour une ultime plainte.
    Une grotesque caricature de vie, une écorchure.



    Je rêve d'existence.


    Bérénice


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