• Non, pas de photo, c'est trop gris, encore.

    Premièer neige ce matin. Quand j'étais sous la douche, j'ai vu les flocons tomber.
    (Belle inspiration, hier j'ai mis les pneus neige. Le mec m'a du reste fait comprendre que c'était presque symbolique, puisqu'ils sont usés.)
    Alors ce matin, j'ai pris le temps de déjeuner.
    J'ai pris le temps de respirer, et d'apprécier ça.
    J'ai pris le temps de prendre mon temps. Je suis arrivé vers 9h45, soit avec environ une heure de retard sur le "beat" que je m'imposais depuis de trop longues semaines.
    Moins de stress au volant, j'ai viré Radio Canada et le blabla pour de la musique.
    J'ai pas sourit, parce que ça c'est trop dur, mais j'étais bien. Enfin mieux. Enfin... j'ai switché de mode : de "maniaco" je suis tombé à "dépression". De Dr Jeckill je passe à Mister Hyde.

    Respire.... respire.... respire....

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  • Samedi j'ai marché.
    Dans la rue.
    Tout seul.
    Sous le soleil de Novembre.
    Et j'ai ressenti cette curieuse impression de m'effondrer de l'intérieur.
    Mon visage ne répondait plus. La bouche se soudait. Seuls les yeux vivaient, avec une sensation d'accuité visuelle incroyable.
    Et puis un vertige... cette certitude de mesurer, brusquement, 3 mètres de haut, de dépasser tout le monde, de voir au delà des gens, de n'être qu'un élément liquide,gazeux, invisible.
    J'étais une machine à marcher. Je marchais sans savoir, sans comprendre, sans fatigue, pourtant en pesant une tonne. Une tonne d'armement sur le dos, sous la peau, dans les yeux, dans les mains, les pieds.
    J'étais une machine à marcher.

    Et je savais que bientôt je serais une machine à tuer. Tuer les gens avec mes yeux, d'un regard... pof !
    Tuer les animaux, les plantes, les arbres... Brûler toute vie.
    Cette impression de voir mourir tout ce que je regarde...
    Alors il ne faut pas croiser mon regard. Je ne dois rien regarder, rien fixer. Mes yeux doivent mourir, pour ne pas réveiller cette machine à tuer.

    Ce dimanche je suis devenu, doucement, tranquillement, cette machine à tuer. Sans le savoir. Mais ce matin elle a frémi.
    Et la première personne que la machine a regardé c'est moi.

    Je ne vais pas bien. Ce n'est pas un appel au secours mais plus un leitmotiv.
    Je ne vais pas bien.
    Je ne vais pas bien.
    Je ne vais pas bien.

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  • n-

    n- comme Novembre.

    No v ambre...
    No vi ambre...
    </span />Nos vies ambre.

    J'ai relu mes maux, et j'ai trouvé qu'un peu trop souvent il est question d'ailes.
    Celles qui me poussent dans le dos.
    Celles qui me pèsent.
    Celles qui me déchirent la chair.

    Ai-je à ce point envie de liberté ? A ce point envie de respirer ?
    Je n'aime pas l'eau, depuis que la mère du petit garçon jusqu'à l'âge de douze ans le lavait. Et quand venait le moment du rinçage de la tête, il fermait les yeux très fort, et le nez, et la bouche, et il hurlait à l'intérieur qu'il allait mourir, que le flot de la douche ne s'arrêterait jamais. Qu'il allait mourir ! Qu'il allait mourir ! Avec un goût âcre dans le nez, douceâtre dans la bouche et les yeux brûlants.


    Novembre.

    Je me statufie en silhouette d'ambre doré. Un bel objet qui amplifie la lumière et l'adoucie. Qui met du soleil là où il n'y en a plus depuis longtemps.
    Le petit garçon me regarde et apprécie. Il ne sourit pas, car sa bouche est cousue, mais il sourit quand même.
    Dedans.
    En secret.
    Mais comme une fleur maladive je suis en lui et je vois le sourire.

    Et ma lumière se fait mer. Je deviens odeur et goût de sel, embruns qui poissent ses cheveux. L'enfant sourit toujours.
    Il est ermite, brusquement, sur une grève déserte, un jour d'orage.
    Il a cent ans.

    Et je roule mes vagues lourdes comme du plomb. Je les jette contre les rochers où elles éclatent en étoiles coupantes comme des rasoirs.
    L'enfant sourit toujours.
    Et j'invoque un vent chaud comme du sang, mêlé de pluie, de mer, de morceaux de vagues, de morceaux de plage.
    L'enfant vacille, les cheveux comme des algues échouées.
    Et il rit, vieux de mille ans !
    Il rit, avec ses dents si blanche qu'on dirait des os.
    Il rit, libéré des coutures qui le défigurait.

    Il rit parce qu'il a mille ans.
    Il rit parce qu'il le sait.
    Il rit parce qu'il est encore en vie !

    Alors je fais naître une trouée dans les nuages, et j'y verse un peu d'ambre liquide qui illumine tout : les rochers, la mer, les nuages, le sable, les herbes folles qui retiennent le sable des dunes. Et pour un instant... tout est en or.

    L'enfant à dix ans.
    Il tombe à genoux, de la bave sur le menton.
    Il bave, ivre d'avoir rit.
    Ivre d'avoir vécu. Ivre de sentir son cœur battre dans sa poitrine trop maigre.


    Et moi, pour le remercier de m'avoir fait exister un instant encore, je m'ouvre en un bouquet de parfums.



    Bérénice


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  • The Cure dans les oreilles...
    gy!be dans la voiture ce matin...
    Novembre dehors, gris, froid (zéro 'a matin... fais frette)

    Je vais passer en mode "hiver". Il me manquera juste les bottes à acheter.

    Digression :C'est quasiment fait. C'est à dire que j'ai le modèle. Parce que faut vous dire que je déteste acheter quelque chose. J'hésite, je regarde, je calcule, je cherche, je prends des renseignements, je recoupe les renseignements... je finis généralement au bout de 2 à 3 semaines par tout savoir sur le sujet.
    C'est comme ça pour un lecteur CD, un blouson, un appareil photo... Maintenant, c'est les bottes d'hiver. Evaluation de la marque, du sérieux de la fabrication, technologie utilisée, dimensions extérieures (il faut que je puisse faire de la raquette), hauteur de la tige, tests de terrains, etc. etc. etc.
    fin de la digression.

    Hier, j'ai été payé pour donner mon avis. 60 $ pour dire ce que je pense d'une radio francophone. On était 10 dans une pièce, on nous montrait les pubs de l'année courante, on nous demandait ce qu'on aimait, ce qui n'allait pas. Pubs affichées sur le bord des routes, genre "à l'entrée du pont Champlain" (je le prends pas, ce pont, ça va bien), dans les quotidiens (j'en lis pas, ça va bien), à la télé (j'en ai pas, ça va bien), et sur le net (je vais pas sur le site de la radio, ça va bien).
    60$ pour deux heures à manger des sandwichs, boire du café, et dire "le jaune j'aime pas, le rouge c'est mieux". On a aussi entendu des trucs sur une cassette, et vu deux spots télé...
    En fait, on demandait à des gens qui connaissaient bien la radio - on a été choisis car on écoute cette radio... - ce qu'il pensait de la pub, si la pub leur donnait envie "d'écouter la radio". Cherchez l'erreur !

    On a bien entendu eu droit à des avis fantaisistes, mais dans l'ensemble c'est incroyable comment les gens sont sensibles à la pub. ! Et les gens veulent être "bien" touchés par la pub. Ils étaient là pour dire comment mieux les toucher.
    Moi j'étais là pour les 60$, et observer mes concitoyens.

    J'ai globalement passé deux heures à regarder et écouter les autres, pour déterminer la personnalité des autres 9 autour de la table. L'informaticien rigolard qui annonce que les pubs sur le net... il ne les voient pas car il les bloque, le retraité actif, voyageur, curieux, les deux autres retraités "tristes-et-vieux-mais-satisfaits-de-leur-vie" qui passent leurs journées réglés comme du papier à musique sur lecture journal-écoute radio-écoute TV. Il y avait aussi l'homosexuel cultivé ou cherchant à tous prix à l'être - noble bataille que j'encourage, celle de la pensée par soi-même, la fille cultivé-réservée bossant dans une "shop bruyante", etc.
    Et puis celle qui posait des questions pour diriger le débat, et qui n'a pas la moindre idée de la règle des tiers en photo... j'ai du lui expliquer ce que le retraité actif lui disait... parce que pour elle, partager une photo en trois dans le sens horizontal, tu fais un trait au milieu, puis l'autre... ben... tu le mets où ?
    Les sandwichs étaient biens. J'ai du en manger 6. Et deux tasses de café. Les 60$ étaient dans une enveloppe, 3 billets de 20.



    En sortant vers 7h30, musique sur les oreilles, du GOA, pour la nuit, le froid, la solitude, les étoiles, et les premières lumières de Noël. J'ai trainé au rayon parfum de La Baie. Il n'y avait personne, et j'ai respiré les fragrances qui se mélangeaient, j'ai regardé les emballages et la forme des bouteilles.
    Puis en sortant du métro, toujours la musique, et comme le bus ne venait pas, je suis rentré à pied chez moi. Il faisait froid, mais j'avais mon blouson "qui sent bon", celui avec le col en cuir et la toile huilée.
    La musique m'a bercé comme une capsule de vaisseau spatial chauffée.

    Tout glacé des pensées, j'étais. Anesthésié.
    J'étais bien.


    Et là... maintenant... il pleut. Un truc froid et gluant, que je contemple de mon bureau. J'ai sommeil...
    Et Thiéfaine me revient en mémoire : "Encore un p'tit café, pour se tenir debout"...



    ps : eu envie d'avoir, avec ce titre de Trust, une petite pensée pour ceux qui savent qu' "Un jour à la retraire que de souvenirs ! Entre les putes à racoler, les jeunes à tabasser...". Eh flic ! tu vas en avoir des souvenirs...
    Par contre, je trouve dommage que les voitures qui flambent... elles appartiennent à ceux qui vivent dans les banlieues. Après tout, c'est le même monde... Un mauvais point, là.


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  • Le rôle d'*uditeur interne (AI dans le reste de ce post), est ingrat, difficile, mal vu, et en même temps gratifiant, qui bien utilisé par la direction d'une compagnie est une valeur ajoutée certaine.

    Le rôle de l'AI est de vérifier et valider que les différentes activités de la compagnie sont effectuées et documentées en accord avec les Normes Internationnales (de type ISO 9001, mais il y en a d'autres), et/ou les Règlementations des pays (les autorités représentées par le Ministère de la Santé, par exemple).
    L'AI pose donc des questions, vérifie, cherche, recoupe des informations, pour se faire une idée de l'activité en question.

    Plus imagé : l'AI vérifie que les gens font un travail apportant une dose de valeur ajoutée à la compagnie, et que ce travail est en accord avec le Système de Management de la Qualité (SMQ) en vigueur dans la compagnie.

    Plus imagé encore ? l'AI est un flic qui pose des questions pour s'assurer que le crime... c'est pas toi qui l'a commis ! Le crime étant la violation du SMQ.

    Et dans [mysmallcompany], mon rôle de Directeur Qu*lité fait que je suis aussi "flic assermenté" : AI. Et "Chef *uditeur" qui plus est !

    C'est un rôle que j'aime, car je suis capable de voir la valeur ajoutée de mon travail : l'amélioration continue.
    Et puis j'avoue que c'est assez amusant de se balader avec une étoile de Shérif sur la poitrine et questionner les gens sur leurs activités. Comme j'ai toujours le regard qui traine autour, je remarque des choses, des documents pas signés, des vieilles procédures, des "violations du SMQ", ce qui effare un peu "les victimes"...
    Quand il n'y a pas de violation, je le clame en jouant de la trompette bien fort, car "subir" un *udit est assez éprouvant. Donc quand tout va bien je l'écris dans mon rapport. Les gens sont content de voir que le flic... il est humain !
    Et puis ça facilite les relations au jour le jour.

    Mais quand ça marche pas... je suis obligé de le clamer aussi. C'est la partie moins drôle du travail. Il y a bien sûr des degrés dans la "violation" du SMQ.
    Il y a celui qui "oublie" de temps en temps, celui qui ne savait pas, celui, plus sournois, qui n'avait pas le temps de faire la "demande en mariage", alors il a choisi le "viol" parce que c'était plus pratique et/ou rapide. Il y a d'autres "profils", bien sûr...

    Mais hier, après la rédaction de mon rapport, je me suis rendu compte que je jouais au cow-boy dans la cours des grands... J'ai du jouer du révolver contre un boss, un VP.
    Je sais que j'ai clouer un clou dans son cercueil.
    Je sais aussi que le cercueil... il se l'est construit tout seul, petit à petit. N'empêche que ça fait bizarre. Un drôle de goût dans la bouche de savoir que j'ai ajouter une pierre à l'édifice qui consiste à le faire tomber.
    Et puis il y a aussi cette idée que ce duel, même si je l'ai gagné proprement... y'aura peut être quelqu'un dans mon dos pour me shooter à mon tour.

    L'Officier, le Grand Architecte de [mysmallcompany] apprécie mon travail. Mais je sais que ce VP... il cherche des preuves pour le foutre dehors.
    Vraiment j'aurais aimé trouver autre chose que ce que j'ai constaté pendant mon audit. Mais on était deux. Le Shérif adjoint a aussi tiré.

    "Il a eu sa chance, c'était correct...", résonne à mes oreilles. Ca aide un peu.



    La cours des grands me fait un peu peur, tout à coup.

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