• Chap 9 : Tchaga !

    L'homme failli rater son contact. Il faut dire que l'autre attendait sous l'ombre trouée de lumière d'un arbre. Et sa veste de combat n'aidait pas les choses.
    Il détestait les contacts. Il aimait travailler seul. Lorsque l'autre s'assit sur le siège du passager, l'homme sentit l'odeur caractéristique d'huile et d'ozone.
    Il démarra. Il lui fallait trouver un coin tranquille pour passer la nuit, et mettre son plan au point.

    Le midi fourmille d'endroits charmants, petits villages pitoresques dont la seule économie est le tourisme, villes balnéaires dont la population se multiplie par 10 dés le mois de Mais venu. Mais il cache aussi d'autres endroits tout aussi charmants. Seillons, par exemple(*). A quelques kilomètres, il y a un site connu sous le nom de Cascade de Seillons, qui convenait parfaitement à ses projets. Le trajet se fit en silence.

    "- On s'arrête ?
    - On va passer la nuit là-bas. Je connais l'endroit. On y sera tranquille, et puis je pourrais réfléchir...
    - Tu connais l'endroit ? Vraiment ?
    - Il y a deux maisons en ruine, avec devant les vestiges d'un jardin. Deux palmiers sont palmiers sont encore plantés là... Il y a même une niche creusée dans la falaise calcaire. Mais c'est plus loin que l'on va. Là où la vigne était cultivée, avant. La place est facilement défendable, au besoin."
    Le problème, avec les contacts, c'est qu'ils ont besoin d'informations. D'énormément d'informations. Et ils aiment la précision...
    "- On laisse le véhicule ici ?
    - Oui. Il y a un sentier de randonnée qui passe par ici, et les curieux penseront qu'il s'agit de randonneurs.
    - La police aussi ? Le véhicule est-il volé ?
    - Le véhicule n'est pas volé. Enfin... j'en sais rien, j'ai vu la conductrice se dématérialiser. Elle me suivait depuis Marseille. Elle avait retrouvé ma trâce je ne sais comment, et au moment de sortir de son véhicule, elle a disparu. J'ai récupéré le véhicule, l'autre étant endommagé.
    - Endommagé ? Pourquoi ?"
    La conversation se continua ainsi jusqu'à qu'ils arrivent sur le coteau étagé par les cultures abandonnées. Les petits morceaux d'informations étant assimilés, triés, comparés, acceptés ou rejetés.
    Le contact se dirigea immédiatement vers un vieux tracteur.
    L'homme, lui, descendit quelques paliers de terre, s'assit et ferma les yeux.
    L'odeur de l'herbe rase, de la sève et des pierres l'ennivraient. Il se perdait dans un océan de souvenirs, d'anciens désirs. Un mélange d'où émergeait tantôt une bouffée de haine, tantôt une pensée si douce et si tendre qu'elle appaisait, lui semblait-il, tout son être.
    Son plan lui apparaissait toujours clairement. Il voulait aller rechercher cette fille, connue avant la guerre. Et il l'emmenerait dans un de ses endroits solitaires qu'il connaissait, comme celui-ci. Et il vivrait tranquille. Un peu naïf, certes, mais après tous ces combats, ces morts, ces horreurs, il avait pu se rendre compte que chaque homme ou femme aspirait à la même chose. La paix et la tranquilité. Sans un bruit. Sans sifflement ni crépitement... Mais premièrement...
    Il se redressa brusquement, ses sens en alerte. Crépitements ? Quelque chose crépitait dans le coin... un peu au dessus de lui. Le son était ténu. Il sortit son arme, fouilla rapidement dans son sac pour en prendre son ceinturon. Il l'ajusta puis actionna son armure LCD, et devint invisible.Les capteurs reproduisaient parfaitement les formes et les couleurs qui l'entouraient sur le champ holographique créé par le ceinturon. Seuls son ombre et des mouvements le trahiraient.
    Il avança lentement en direction du son, et trouva son contact étendu à côté du tracteur. Le capot était encore ouvert, et la batterie, retirée de son logement, était posée à terre. Deux fils plongeaient dans les entrailles du contact qui se convulsait. L'homme désactiva son armure, et la tête du contact se tourna vers lui.
    " Hey ! Il restait un peu de rongeasse dans la vieille batterie... "
    L'homme tirant presque à bout portant, la tête du contact fut à moitié arrachée.
    "Tchaga !" marmonna t-il.
    Ras le bol des androïdes qui se shootent à la rongeasse. Se créer un sur-voltage temporaire des circuits à l'acide de batterie... pas étonnant qu'ils pêtent tous un boulon un jour au l'autre...
    Sa main lacha le pistolet dans un accès de souffrance. Il la regarda, et vit une tache noire sous la peau. Il prit son couteau et insisa. Une puce électronique qui avançait toute seule... qui marchait... sortit tranquillement, libérée des chairs. Elle tomba sur le sol.
    L'homme choisit de ne pas la détruire. Mieux vaut en effet un mouchard actif qui informe de n'importe quoi, qu'un mouchard mort que l'on doit remplacer.

    Bien, sourit-il... Maintenant que le premièrement est réglé... je vais chercher la fille.





    NDL :
    (*) Si vous cherchez sur une carte, dans le Var, à 4.5km au Nord de St Maximin la Ste Baume, routeD560.


  • Commentaires

    1
    dulciouaiiis!
    Lundi 14 Février 2005 à 21:08
    "Tchaga!"
    Pas mal, Revak! Bravo! Cool. Adoré le "Tchaga!".
    2
    ReveK
    Lundi 14 Février 2005 à 22:49
    Dulciquiaime
    heureux que tu ais aimé. Hum... je me demande si l'histoire avance vraiment, mais je m'amuse bien :)
    3
    Samedi 8 Octobre 2005 à 22:16
    Suite et INVITATION
    Sans se soucier d'avantage de la puce, il retourne au tracteur et entreprend de démonter totalement le contact, à la recherche de nouveaux indices. Concentré, il ne prête aucune attention à la puce qui, après s'être éloignée de quelques mètres, est revenu vers lui et se glisse subrepticement à l'intérieur de son armure... - - - - - Et voilà un proposition de suite !!! suivie d'une invitation à venir participer à la construction du scénario collectif, sur http://collectif.blogspirit.com Suspens et émotions garanties !! A bientôt, Le Réal.
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