• Une précision avant de commencer : par ce titre, loin de moi l'idée de me moquer de nos amis de couleur; je fais plutôt référence à une chanson de Richard Desjardins (chanteur local donc québécois) : "Les 'ti crayons". Cette chanson décrit la grande commotion dans une compagnie à cause "qu'y a pus 'ti crayons" (avec l'accent).

    Alors donc, dans [mysmallcompany], nous n'avons plus de ces petits batons pour remuer le café vous savez...
    Bon. Abruptement, comme ça, vous vous dites que vous vous en foutez. Je vous comprends. En soi, l'information est banale. Voire vulgaire. Prendre de votre temps pour vous dire si peu...

    Mais replaçons l'abscence des petits batons dans son contexte...
    Depuis plusieurs mois, toutes les activités sont arrêtés ici bas. On n'a rien vendu donc pas de sioux, et notre fournisseur ne nous a pas payé (comme d'hab.) donc pas plus de sioux. Vous savez déja tout ça, je vous ai expliqué.
    On nous a donné un nom savant pour expliqué la situation : le cisaillement.
    En clair, la machine est grippée. On ne peut plus rien payer, et ainsi il ne sert à rien de vendre. Mais pas de vente... pas de paiement, et on est dans le cercle vicieux.
    Conséquence du cisaillement : Salaires en retard, fournisseurs pas payés. Bon, on sait tout ça, mais... avez-vous pensé aux VRAIS conséquences du cisaillement ?
    Certes non, jeunes scarabées. Nous mêmes, ici, en découvrons les effets tous les jours.
    Par exemple... le fournisseur d'eau de source en bouteilles de 18 litres ! Pas payé ? Plus de bouteille d'eau. L'équation est simple. Alors on est condamnés à boire l'eau du robinet. Celle-ci goûte le chlore et c'est pas bon. C'est pour ça qu'on avait de l'eau de source...
    A cette situation déja préoccupante, ajoutons... le ménage.
    Et oui, lui non plus n'est pas payé. Pas de sous ? Pas de ménage. Bon en vérité, ça ne nous change pas trop, car le gars ne s'est jamais forcé. On avait déja la possibilité de se souvenir des repas prit pour les 15 derniers jours en examinant les tâches sur les tables, et on pouvait remonter grâce à l'ADN des gouttes d'urine sur une période d'au moins deux ans. Maintenant... c'est pire.
    Mais à cette situation grave, il faut ajouter... le fournisseur de petits batons pour remuer le café.
    D'habitude, ils sont en plastique. Sans doute dans un soucis louable de respecter la nature, on  reçoit 2000 petits batons de plastique jetables dans une boite en carton recyclée.
    Il y a environ deux semaines, les derniers batons de plastiques furent utilisés. Une journée plus tard, nous avions (au diable l'environnement), des batons en bois.
    Mais pour la troisième journée consécutive... plus de 'ti batons de bois. La boite est vide.
    La commotion est à son comble.
    Il nous reste bien sûr la solution de remuer le café avec le doigt ou le crayon, ou encore tenter de remuer le café en créant un mouvement rotatif serré su verre en surveillant que le liquide ne déborde pas en une belle vague qui atterrira au mieux sur le sol, au pire sur la chemise ou le pantalon.

    Mais soyons honnètes et sérieux le temps de quelques lignes : sur l'organigramme de 51 personnes, j'ai du en retirer 19 . C'est plus un organigramme... c'est un cimetière. Parmis ceux qui quittent :
    toute l'équipe qui bâtissait et assemblait le coeur de notre système.
    le directeur des opérations, après 7 ans de bons et loyaux services.
    la commis comptable.
    Ce dernier élément peut faire sourire, mais... à 3 ans de boite, je suis parmi les plus anciens ! Et tous les autres ont... au mieux un an et quelques mois...
    Le Big Boss est peut-être viré ce soir.
    Les pires bruits de couloirs circulent.
    Mon projet EXODUS avance (j'envois un CV par jour), mais... c'est long.
    "On" veut splitter [mysmallcompany] en petits morceaux (là aussi il y a un nom savant, mais je l'ai oublié).
    "On" veut faire ci et ça, mais il nous manque je pense une chose importante. En fin deux. Enfin trois en fait.
    1- il nous faut clearer nos dettes. D'une shot. Pouf. Eliminer les... 7 millions de $ de dettes. (oui, j'ai le vertige moi aussi en disant ça).
    2- il nous faut du cash frais, pour relancer rapidement la machine.
    3- il nous faut quelque part un mec qui gère TOUS les projets, soit au courant ou fixe les priorités, et prenne des décisions au day-to-day.
    Et puis 4 virer les deux individus qui se pensent CEO à la place du CEO.

    Mais je pense qu'il y a tellement de magouilles, de ficelles, de trucs pas clairs et carrément puants qui trainent (en plus des squellettes dans les placards) que parfois le feu est la seule solution. On brule tout on recommence.
    Moi la-dedans ?
    Ben il semble que la Qualité soit importante, et qu'on se demande si on la met sur le projet #1 ou le #2. Si on me demande mon avis, je dirais que le #1 est cool, mais à mon avis pas viable. Le #2 je le connais bien, c'est [mysmallcompany] actuelle ou presque, mais j'en ai un peu marre. Et puis qui me dit que c'est plus viable que le #1 ?

    On dit que poser le problème c'est y répondre à moitié ? Je sais ce que je veux : être dans les deux ! Après tout... c'est pas idiot : le #1 me donnera un beau CV, même si pour peu de temps. Mais c'est le peu de temps qui me gène. Et puis vu la taille de l'équipe à date (1 personne), ont-ils VRAIMENT besoin d'un gars à temps plein ? hummmm, je doute...
    Le #2.... bof. Je connais, y'a le Schtroumph là dedans... Pus capable avec ce !$/"$"=±@@.
    Mais les deux ensembles ! Ca le CV sera encore plus reluisant...
    Reste que le salaire dans tout ça risque de rester petit un moment, quelque soit mon choix.


    Mais mieux vaut un 'ti salaire que pas de salaire du tout, non ?


    votre commentaire



  • From "Maximum Security",1987, Tony Macalpine. BC Rich Guitars, of course, cutting you out...


    votre commentaire




  • Toujours cette impression d'être ailleurs.
    Toujours ce désir d'être ailleurs.

    A midi je suis allé dans cet endroit solitaire pour manger (froid). Le petit étang a commencé de geler, et le soleil ne fait plus fondre cette glace pourtant fine.
    Les arbres étaient gris et les roseaux marrons. Avec le soleil, ça donnait un beau ton chaud qui mettait un peu de chaleur dans ce morceau de paysage déja tout froid.
    J'avais peur, comme à chaque année et je ne sais pas pourquoi, que l'hiver ne vienne pas.
    J'ai vu ses effets à midi et j'en ai été heureux :
    Un peu de glace, un vent froid qui gèle les mains (mais qui se réchauffent encore vite dans les poches), un soleil qui chauffe le dos et les épaules comme la main d'un ami, et une ombre qui fait trois mètres...

    Je me souviens à chaque fois de ce bout de chemin, quelque part près de Champagne au Mont d'or, je crois. On accédait à la forêt en se garant le long du mur en terre d'un cimetière.
    Une forêt que je n'aimais pas, car tout humide. Les feuilles mortes pourrissaient de suite, les troncs luisaient constamment d'une bruine invisible. Il faisait sombre et froid. Mais au détour du sentier, presque avec violence, un sapin tout seul poussait avec hargne son odeur verte de sapin. A chaque fois je passais ma main dans ses branches en imaginant les passer dans les cheveux d'une fille.
    A chaque fois je saignais au dedans.
    A chaque fois je me sentais un peu vivant, et je souriais tristement en pensant qu'il me fallait avoir mal pour vivre un peu.

    Cette époque est loin et pourtant si proche. Il me faut faire constamment attention. Comme quand on manipule une lame de rasoir et qu'on ne veut pas se couper. Sauf que la lame c'est la vie.

    Allez ! Encore un petit morceau de ce disque : les originaux du "Director's Cut", c'est à dire avant leur reprise par Fantomas. Pour les nouveaux sur ce site ou ceux qui ont rater, aller voir ici.       Pour CD... ça va ? tu as récupéré un peu ? ;)

    votre commentaire
  • Ca a commencé ce matin. En prenant ma douche, la fenêtre ouverte sur le jardin, il y a eu cet air piquant et frais d'automne. Il a gelé cette nuit, le ciel était clair, sans nuage ou presque.
    Ca a continuer dans la voiture. J'avais la tête ailleurs. La tête dans les rues d'une cité à 5000 km de là.
    Ca c'est poursuivit toute la journée. Je me suis souvenu par bribes d'une certaine journée passée à Paris. Une journée à tuer. Une journée à marcher, sans but, espérant me perdre, le faisant mais sans cesse me retrouvant. Une journée à sourire à chaque coin de rue. A chaque fois il y avait une boulangerie, un bar tabac, et un resto. Le 4ième coin ça dépendait. Un fleuriste, une épicerie, un autre resto...

    Toute la journée à me souvenir de ce parc Jacques Prévert (ou était-ce Georges Brassens ?).
    A me souvenir de ce film, "French Kiss", dans lequel Meg Ryan cherche des yeux la Tour Eiffel, et à sourire à l'idée que malgré moi je faisais pareil.
    Toute la journée à me sentir à Paris, redécouvrir au détour d'une rue une petite place belle comme une place de village, revoir les gestes des cantonniers (il n'y en a pas, ici. Ce sont des machines qui font le travail), regarder les gens travailler, ouvrir, fermer, laver, se poster sur le trottoir, avec ce regard de ceux à qui l'espace où porte le regard appartient.
    Une journée à tuer, les mains dans les poches, dans une ville étrangère et pourtant famillière, impossible à rattrapper.
    Une journée avec ce passé si lourd parfois qui avait des envies de voyage, qui riait, et mordait la vie.
    Les mains dans les poches, à vivre, tout simplement. Les mains dans les poches.
    Ah ! J'avais un bon roman dans ma poche. J'en ai oublier le titre, mais je sais qu'il était là "juste au cas". Je n'en ai pas eu besoin.

    En vivant cette journée, je savais que j'allais m'en souvenir longtemps, et j'ai fait très attention à ne pas la gâcher. Inconsciemment j'ai choisi mes rues. Inconsciemment j'ai posé les yeux là où il le fallait. Il n'y a que le repas de midi (prit à 15h00), que je regrette un peu. J'aurais dû mieux choisir. Je n'aurais pas dû attendre autant, aussi. Pas grave ! Le parc dans lequel j'ai mangé, couché était grouillant d'étudiants, mais j'ai pu trouver un coin à l'écart. J'ai regardé tout ce petit monde curieusement détaché.

    Ca m'a duré tout la journée, cette déconnexion de la vie. La nuit vient de tomber, j'ai enfin juste la météo de Montréal sur mon Palm via le RSS... tout va bien.

    Tout va très bien.
    Alors petite musique tranquille pour se laisser bercer.

    Bonne nuit !


    votre commentaire
  • Ambiance morose, pour [mysmallcompany].
    Un de mes collègues est sur jobboom, l'autre regarde son soft de cartographie pour localiser le site de la construction de sa maison dans les Appalaches, le troisième identifie ses besoins en appareil photo numérique tout en rangeant ses tiroirs puisqu'il se barre dans 3 semaines...
    De mon côté, je refais la cartographie de la compagnie dans le but avoué de remettre un peu d'ordre dans ce SMQ qui souffre toute les semaines des démissions, des arrêts de production, des mises à pied et des fermetures de département.
    Le but inavoué étant de me replonger un peu dans l'exercice puisque le projet "EXODE" est de nouveau d'actualité.
    Car moi aussi, tel le rat, je veux quitter le navire avant qu'il n'ait complètement sombré.

    Et j'écoute du Motörhead en évitant de penser à cette nuit qui tombe à 4h30.
    Motto de l'heure : Je ne dois pas déprimer. Je ne dois pas déprimer. Je ne dois pas...


    2 commentaires


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique