• Le coeur quand ça bat plus...

    Ferré chantait que "le coeur quand ça bat plus, c'est la peine d'aller chercher plus loin faut laisser faire et c'est très bien".


    Quand j'écoute cette chanson (Babaji, Supertramp), j'ai l'impression que mon coeur je l'ai laissé il y a longtemps, quelque part sur un coin de table ou je ne sais où. Que je l'ai laissé parce qu'il le fallait, comme on choisi l'amputation plutôt que la gangrène généralisée et la mort.

    Mon cousin était fan de Supertramp alors que n'écoutais que du Métal (qu'on appelait du Hard, à l'époque), et à chaque fois qu'un album de son groupe favoris sortait, j'y avais droit pour le Nouvel An qu'on allait passer chez lui.
    Je n'aimais pas, car j'étais au début dans sa chambre à discuter. Puis quand on passait à table, le bruit de 8 personnes me faisait oublier la musique et celle-ci passait en fond dans mon esprit.
    Rapidement je me taisais, j'écoutais, je regardais les autres. Mes deux cousins dont j'aurais aimé être le frère. Ma tante et mon oncle chez qui j'aurais aimé vivre. Mes parents que je détestais pour leur hypocrisie et leur rigidité d'esprit. Et ma soeur, que je croyais être ma compagne de souffrance.
    Cette période de Noël et du jour de l'An - que par tradition depuis que nous étions revenu sur Lyon - nous passions ensemble avec mes cousins (eux chez nous à Noël, nous chez eux le 1er Janvier), est une période que je vivais (et continue de vivre) douloureusement. Elle ne s'achevait qu'en douceur le 1er au soir, la tête pleine de la lumière de l'appartement de ma tante, le sapin (vrai, pas en plastique comme chez moi), des rires de mes cousins, la bouche encore pleine du souvenir des plats servis trop lentement au dire de mes parents, mais entrecoupés de chocolats, d'attentes, de rires encore, de joie, d'insouciance, de rêves, de pleins de choses qui pour un instant me faisaient oublier l'autre réalité, celle qui m'attendait tapie à quelques heures de là.
    C'est tout celà qui me remonte au coeur avec cette chanson.
    Une sorte de marée qui me berce doucement, qui me réchauffe un peu, qui m'isole, aussi.

    Je n'ai toujours pas compris pourquoi je déteste tant la fin d'année. Pourquoi j'ai peur. Littéralement peur de perdre quelque chose de précieux. Et ce n'est pas la vie, car personne que je connaisse n'est jamais mort en décembre. Alors c'est quoi ? On dirait que le découvrir désamorcerait cette bombe a retardement que j'ai dans la poitrine en décembre. On dirait aussi que le savoir me ferait tout à coup apparaître une réalité douloureuse, un souvenir empoisonné. Une cicatrice de l'âme encore maladive.


    Aujourd'hui il fait -26. Un beau soleil qui ne chauffe rien, même derrière les vitres de la voiture. La route est blanche de calcium séché, et le métal craque de façon sinistre. Il parait que mourir de froid c'est s'endormir, paisiblement...

  • Commentaires

    1
    Mercredi 17 Janvier 2007 à 22:47
    Avec le temps...
    ...va tout s'en va.
    2
    Vendredi 19 Janvier 2007 à 00:56
    Salut
    Malgré la tristesse de ton texte; j'y perçois beaucoup de tendresse. Merci de nous partager un part de toi.
    3
    Jeudi 25 Janvier 2007 à 08:54
    Arf.
    Je m'en vas pleurnicher de ce pas. Non sans vous saluer bien amicalement tous deux.
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