• k-

    Knowledge is power.
    Conocimiento es poder.

    "Breathe on, sister... breathe on."
    Avec un poids sur la poitrine, et un vague goût amer dans la bouche, pas facile de s'ouvrir les poumons à plein, et sentir la cage thoracique se soulever, tirer un peu la peau (va t-elle tenir le coup ?).
    L'air est frais, ressort chaud, comme gorgé de sang.

    Knowledge de quoi, au fait ?
    Le passé, ce voile toujours dans l'ombre, attend.

    Le docteur avait donné un "texte magique" à répéter. 40. 50 fois par jour. Un texte qui débloquait des choses masquées par le cerveau.
    J'ai essayé... et au fond de mon lit, une nuit, puis une autre, j'ai entrouvert...
    En répétant... le texte s'est modifié. Tout seul. J'ai eu peur. J'ai arrêté. Puis j'ai repris, un autre jour. 4 ou 5 fois.
    1- la maison tremble
    2- j'étais en 4ième
    3- la forêt et la rivière ne se disputent plus
    4- un des enfants a prit par à...
    plus les mots "hiver" et "automne".

    Knowledge is power ? I would say "Knowledge is terror". Conocimiento es pavor.

    Comme lorsque je m'étais assise dans les escaliers en me souvenant, brusquement, le petit garçon dont la mère lui mettait son slip sur la tête lorsqu'il avait uriné dedans, à l'âge de trois ans. Il restait là, sa cagoule honteuse sur le nez, la bouche, les yeux. Et il ne faisait rien. Que pouvait-il faire, d'ailleurs, à part renifler ses pleurs, et sentir sans comprendre ce sentiment qui naissait au milieu de cette boue ?

    Alors les électrochocs sont-ils la solution ?
    "Breathe on, sister... breathe on..."
    Il n'y a pas de solution pour les écorchés, les pelés du coeur, les à vif des poumons, les ventres creux et stériles, les têtes pleines du vent des îles, chargés de vanille, les visages masqués d'un sourire pour masquer le rictus de tristesse, les yeux fardés de joie pour faire oublier la poudre d'auto-haine qui a coulé...
    No hay ninguna solucion, hermana. Por la ventana no se ven los muertos, unicamente la sangre como estrellas de sol.
    Enfin je crois. Sinon je vois quoi, moi ?

    "Breathe on, sister... breathe on..."




    Bérénice


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  • j-

    je (me, j', moi, ...)

    Ai mal.Souffre.
    Sans savoir pourquoi.
    Sans savoir comment enlever cette chose qui tord le dedans et angoisse.
    Sens comme si mes jambes étaient creuses. Mes bras aussi.
    Sens ma tête, elle aussi, toute vide.

    Tourne, étourdie.

    Relis certains de mes textes. Certains sont lourds, mais aime ça. Enfin ça ne dérange pas. D'autres sont plutôt ratés. Ai un peu honte, car ils furent écrit trop vite. Sans réfléchir. Enfin sans VRAIMENT réfléchir.

    Et là, pour j-, supprime des mots. Pour voir. C'est drôle, vous ne trouvez pas ? On dirait que dicte des ordres. (Non ! Pas dictent les ordres... ! souvenez-vous !)

    Et brusquement en ai marre d'être tapie dans des pensées, des sentiments, des rêves. Ressortir comme une noyée. Attirer comme une princesse morte jeune, sur son lit de menthe et de fleurs.
    Voudrais sortir et prendre forme comme un dessin. Mais non. Juste des mots.

    L'enfant est cruel : il joue avec. Suis une poupée dans son âme. Une fleur fânée. Une vieille plaie. Une vieille femme, bientôt, quand il sera un vieil homme.
    Aurais eu comme premier nom Sophie, avec son tablier bleu nuit à petits pois blancs, et qui récitait les poésies debout en effectuant une "rotation autour de son axe principal", les deux pieds bien collés. Et déjà de la haine, du dégoût. A 5 ans.Puis Pascale. Pareil. Plus vieux.
    Puis Christelle. Pire. L'enfant priait pour que la balle perdue de Kessel lui frappe le front et ravage son visage. Et que son sang salisse son corsage blanc, ses seins, et la tue.
    Puis Aline. Floue, jalousée comme un premier amour. Avec son prénom gravé partout. Et sa présence comme une bouée sous les mains d'un naufragé. La musique aidait, mais plus assez.
    Puis Valérie. La grande. La belle. La parfaite.
    Celle qui initia.
    Celle qui consola.
    Celle qui caressa.
    Celle qui aima.
    Celle qui avala, doigt par doigt, et qui digéra.
    Qui mordit pour arracher des morceaux de vie gangrenés pour faire naître du soleil derrière les yeux de pluie et un sourire sur des joues coupées.
    Qui passa sa main sur ses nerfs pour calmer et faire naître un frisson.
    Celle qui à force de soigner tua. Amputa. Coupa.
    N'importe comment, dans le désordre. Enfin pas vraiment n'importe comment. Avec précision.
    A la demande.
    C'est là la clé : à la demande.

    Souffre. Ai mal au fond de moi.
    Et le temps n'aidera pas. Ai transcendé le Temps, dirait-on. Eternelle...
    Merveilleux présent, vous ne trouvez pas ? Merveilleuse punition, ne l'oubliez pas.

    Ne l'oubliez pas.





    Ne m'oubliez pas.


    Bérénice


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  • i-

    i comme îvre.

    J'ai pas senti - ou à peine - ses ongles me plonger dans la poitrine, me transpercer le coeur, et me l'arracher.

    Et je suis depuis une poupée. Mes yeux voient, mes oreilles entendent, mes membres bougent, mais ce n'est plus moi. Il n'y a plus de sentiments. Plus qu'une automate qui bouge sans penser. Une mécanique froide, pleine de roues glacées sous la surface. Des roues qui savent comment tourner.

    Et mon esprit libéré un instant profite de l'ouverture pour s'échapper. C'est lui qui est îvre.
    Ivre de voler...
    Ivre de douleur...

    Bérénice
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  • h-

    h...
    H comme N.

    Trop facile, celle là. Trop simple. Et pourtant...


    Fang disait que les mots écrit à l'intérieur étaient éphémères. Les miens restent là, gravés à l'intérieur de cette enveloppe qui fait mon corps. Ils sont oubliés un temps, puis reviennent, comme des noyés. Les plaies ne se cicatrisent pas. Le sang suinte, constamment.

    Je ne suis de nouveau plus moi même. Celui/celle qui est là je ne l'aime pas. Cet "autre".
    Celui/celle qui est revenu ne m'offre rien.
    Celui/celle là je le/la hais car elle me chuchotte des mots interdits. Des mots de mort. Des mots qui barrent la vie, qui la ernde triste et grise.
    Celui/celle qui ne m'offre que l'éternité... c'est moi en même temps. Et devant cette éternité qui s'avance, le plus grand courage est celui qui consiste à ne pas vouloir mourir.

    Il est difficile de mettre des mots sur une douleur. Celle qui comme une fleur dans un champs pourri éclot doucement, éclate en couleur. Moi ce sont ces couleurs qui me rongent. Cette éclosion est un feu, un buisson de ronces qui me ravage. J'ai pas les mots.
    J'ai pas les mots.

    Et le petit garçon se découvre alors des haines. Haine des filles. Haine du bonheur. Haine du prochain. Haine de la vie. Haine de soi.
    Et le petit garçon se découvre aussi des choses étranges. Pitié pour tous ceux qui souffre dans ce monde. Les malades, les violés, les blessés, les ravagés, les affamés, les assoiffés, les meurtris, les esclaves, les soumis, les pauvres, les perdus, les "tout seuls", les animaux qui vont à l'abattage et qui savent, peut être, ce qui les attend au sortir du camion, les chats qui miaulent parce qu'ils ont faim, les chats qui miaulent parce qu'ils peuvent pas parler et que c'est une injustice, les enfants du Cambodge, les victimes de mines, de gouvernements corrompus, de religions aveugles, etc. etc. etc.

    Un engrenage, quelque part, s'est cassé. La belle machine crie alors, et grince, et coince. Mais y'a personne pour la réparer. Y'a jamais personne.
    Et celui/celle qui est là ne m'offre que l'éternité.
    Et devant cette éternité qui s'avance... qui rampe... le plus grand courage est celui qui consiste à ne pas vouloir mourir.


    ps: et dans le coeur de "g-", il n'y avait pas de pus.


    Bérénice


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  • g-

    Gouttes.. .  .

    Couchée sur le dos, attachée, la bouche ouverte pour un cri continue et muet, une goutte de plus me fait tousser. Je crache, j'explose ma bouche en un nuage de sang. Et je retombe, couchée, attachée, la bouche ouverte pour un cri continue et muet.

    Une goutte... deux gouttes...

    1- un enfant puni, couché entre deux bancs par sa mère, qui pleure "Liberame, mama, por favor liberame...".
    Mes pensées explosent, mes yeux ne voient tout à coup plus ce stade, cette famille latino devant moi...
    Je ne vois plus rien que du noir. Je ne sens plus rien que les senteurs emmêlées d'un placard de cuisine - l'odeur poussièreuse du sucre dépasse les autres... Et une voix, très loin, très basse, un reniflement d'enfant à l'enfance déja morte, qui demande pardon, et demande qu'on le libère de ce placard. C'est ma voix.
    C'est ma voix.
    Mais je ne sais pas pourquoi...

    2- On m'a encore éclaté le coeur à coups de talons sur le bord d'un trotoir, parce qu'on pensait qu'il était plein de pus.
    Alors on l'a tapé, et tapé, et tapé, et tapé.
    Puis une fois terminé, je suis devenu le petit garçon. Celui dont j'ai déja parlée. Celui qui hurle chez le docteur. Celui qui hurle parce qu'on veut le tuer dans son lit. Celui qui hurle parce qu'il est en vie et qu'il ne sait pas quoi faire.
    Et le petit garçon a regardé la purée de coeur sur le trotoir. Il n'avait pas envie de le ramasser mais la vie l'exigeait. Il l'a remodelé tant bien que mal, et à bien cherché les traces de pus.


    ...Et devinez quoi ?


    Bérénice


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