• Brouillard et chimères...

    Le long fleuve mort est assoupi dans la ville. ses maigres doigts glacés ont fouillé la moindre ruelle. les racines de ses jambes boivent l'une le fleuve St-Laurent, l'autre la rivière des Prairies, tandis que ses cheveux hideux poissent le haut des maisons. Et ses vomissures ont macule les parcs et les places.
    Dans cet univers étrange, les arbres ne sont plus que des fantômes d'eux-mêmes, leurs pâles silhouettes immobiles comme des noyés. Les édifices, eux, n'ont pas de fin. Les murs disparaissent, dilués, dans un horizon trop proche. Le monde nous apparaît d'un coup visiblement borné, comme un mauvais trucage au cinéma et infini tout à la fois, si on redevient petit enfant et que l'on joue à "et si...".

    Lorsque nous redevenons petit enfant... le monde du brouillard devient merveilleux. Les feux de circulation sont des balises de navigation. Les phares des automobiles les yeux phosphorescents de monstres à demi aveugles, comme ceux qui vivent dans les profondeurs des océans. Les maisons sont d'immenses vaisseaux spatiaux posés là, couvrant la Terre, en faisant presque le tour. Ce sont des hangars à provisions, à avions, à sous-marins, à machines fantastiques. Quant aux immeubles, s'élevant plus légèrement semble t-il dans la brume que des ballons, ce sont des tours à fusées ou à trains de l'espace. ce sont des immeubles qui font des kilomètres de haut, touchant presque la Lune.
    Lorsque nous redevenons enfant nous sommes tout petit à comparer de ces nouvelles règles du jeu. Et nous aimons ça.

    Lorsque nous redevenons adultes nous savons avec un frisson que dans un détour de brume, sans un bruit, une lame peut nous trancher el cou, crever le vaisseau liquide que nous sommes, et noircir de notre sang humide de vapeur d'eau cet univers bo-chromatique.
    Lorsque nous redevenons adultes nous savons que cette masse cotoneuse est viciée, empoisonnée.

    SI nous sommes amoureux, nous devinerons dans chaque silhouette celle de l'être que l'on cherche, que l'on a trouvé. Chaque forme anonyme passe en un instant d'espoir à déception, mais l'espoir gagnera ici tout le temps : il y a tellement de silhouettes !

    Et si nous sommes poètes, nous savons que les dieux jouent au hasard le destin de ce monde et que le brouillard qu'ils distillent n'est là - sublime cruauté - que pour nous empêcher de voir la face des dés.


    Qui êtes-vous dans le brouillard ?

  • Commentaires

    1
    B-Nice
    Vendredi 6 Octobre 2006 à 02:22
    hum...
    le tueur, of course ;)
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    2
    Vendredi 6 Octobre 2006 à 05:18
    Un dj
    et une année de naissance :)
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