• 4-

    Au début il avait cru que c'était une fée. Pas un modèle de combat, bien sûr, mais au minimum un modèle d'escorte, ... de plaisir peut être. Il avait fait la grimace. Maintenant... il avait un goût amer dans la gorge.
    Et il se sentait sale.

    Elle s'était levée, et lui avait demandé d'une voix douce s'il y avait de la place au comptoir pour elle, et sans attendre la réponse, s'était assise. Elle sentait le muguet... une odeur qu'il avait presque oubliée.
    "- Vous êtes soldat ?
    - J'étais."
    Il n'avait pas envie de parler. Son verre n'était pas terminé, et il ne voulait pas le finir rapidement. Il voulait trouver pour chauqe gorgée le bon moment.
    "- Fin d'engagement ?
    - Démission.
    - Oh ! Je vois..."
    Il eut envie de lui demander ce qu'elle voyait, au juste.
    Il se contenta de tourner lentement la tête et plonger un regard éteint dans son regard à elle. Il y trouva quelque chose de doux, de confiant, et en même temps une petite ombre, comme perdue. Elle baissa les yeux, sage. Elle connaissait la suite... Et elle sourit au-dedans quand l'homme commença...

    "J'étais dans une section RD. Notre mission était officiellement de pacifier... C'est à dire de rechercher et détruire les snipers. Pas les snipers-machines, juste les humains... Les putes.
    Cette fois, c'était le tour d'un jeune, encore un gamin, les yeux tout grand ouvert sur la vie, de servir d'appât. Il a enlevé son armure LCD, débranché ses brouilleurs, puis il est descendu lentement vers des ruines, en se retournant plusieurs fois vers nous. Nous, on suivait de loin, selon les procédures... en LCD-ON.
    Finalement... ... on a entendu tirer. Sans pouvoir déterminer la direction. Quelques minutes plus tard, on a entendu un hurlement. Une plainte. Comme un trait de douleur pure qui s'élèverait dans le ciel.

    On a trouvé une fille qui tenait le corps du gamin dans ses bras, le dos tellement cabré vers l'arrière que j'ai cru qu'elle allait se casser en deux.. Deux rigoles de larmes avaient creusé la poussière et le maquillage de camouflage. Et elle hurlait. Elle hurlait. Sans s'arrêter. Mes hommes lui gueulaient de se taire, mais elle n'entendait rien. Ils l'ont fait taire d'une balle dans la tête.
    ... En la fouillant, j'ai trouvé la photo du gamin."

    Il laissa le silence trouver la conclusion qui s'imposait, puis en finissant sa bière d'un trait - c'était le bon moment - il lui cracha "et maintenant que tu as eu ta dose de sang tu dégages.".

    Elle s'était levée, le visage en feu, avait déposé un billet-plastique sur le comptoir et était sortie.
    L'homme avait payé à son tour sans un regard pour le barman, et son sac sur l'épaule s'était retrouvé sur le trottoir.
    Un goût amer dans la gorge.
    Parce que cette dernière phrase, il l'avait dite qu'elle pleurait déja, cette fille.
    Il avait cru que c'était une fée... Il se sentait sale.

    La gare ou le port ? Le port ou la gare ?

    Il choisit le port. Pour aller vomir dans l'eau noire.


  • Commentaires

    1
    ReveK
    Vendredi 21 Janvier 2005 à 21:46
    Suite
    Chapître 4... voir CarpeDiem et Dulci pour les chap. 2 et 3
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    2
    Vendredi 21 Janvier 2005 à 23:10
    Le chapitre 5...
    ... est sur mon blogg... A toi Dulci !
    3
    Samedi 22 Janvier 2005 à 02:05
    oh putain!
    waw! Bon, je file chez éclatdusoleil. Bonjour en passant, Revek.
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